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Ce n’est nullement un secret de polichinelle de comprendre que le monde subit une transformation géopolitique profonde, avec tous les risques que cela comporte. Si hier, la présence des bases militaires françaises dans des pays africains était gage de stabilité politique, aujourd’hui elles sont devenues une menace existentielle pour les régimes politiques de ces pays. Mais comment faire en sorte que la France garde une place de soi dans la reconfiguration géopolitique de l’Afrique, de manière douce et intelligente, et dans un esprit de partenariat gagnant-gagnant ? Quant aux dirigeants africains, ils doivent eux-aussi se poser la question de savoir : quelle place pour l’Afrique et la francophonie dans un monde multipolaire en gestation ? Est-ce que les dirigeants français et africains réfléchissent-ils sur ces questions ? Je ne saurai le répondre. Qu’à cela ne tienne, étant un internaute et francophone, en écoutant les uns et les autres, j’ai le regret de constater que la France est en train de déplacer le problème, en croyant faussement que le peuple africain se laisse manipulé par Paul ou Pierre. Ceci est une grave erreur. Un raccourci. Mais qu’on arrête de se moquer de nous. Nous sommes un peuple mûr et qui sait ce qu’il veut. Comme toujours, l’Afrique possède des enfants qui savent réfléchir, et qui savent que la manipulation est une arme potentiellement nuisible et réversible. Ils savent que personne ne gagne dans la manipulation, encore moins dans la propagation de sentiment ANTI-FRANÇAIS en Afrique particulièrement, d’autant plus que la France est la seconde patrie de très nombreux africains. Ils sont combien d’africains parmi nous qui possèdent une double nationalité ? Combien de familles vivent grâce aux apports de leurs fils résidant en France ? Voilà autant de questions qui ne doivent être ignorées par des bloggeurs africains quand ils font leur direct. C’est pour dire que le bouleversement en France aura forcément des répercutions sur l’Afrique et sur des Africains.  Le malheur de la France est un malheur de l’Afrique. L’intégration entre Français et Africains est telle que l’un ne peut évoluer sans l’autre. En tout cas, convenablement. Que la France ne nous abandonne pas entre le bowal et le marécage. Nous sommes en plein vol.

On peut couper le cordon ombilical pour des raisons de souveraineté, mais le lien entre une mère et son enfant ne se coupe pas. Il est sacré. Nos enfants étudient en langue française quand même.  Ou bien qu’elle nous dise la vérité, si toutefois elle sait d’avance qu’elle sera perdante dans la bataille pour la naissance d’un monde multipolaire en cours. Étant francophone et littéraire, je me sens tout de même concerné par la défaite de la France sur tous les plans. Sinon, en principe, les pays Francophones d’Afrique devraient constituer un atout majeur pour la France, pour un lendemain stable pour elle et pour nous les africains. Malheureusement, comme toujours, elle a préféré miser sur une poignée d’intellectuels africains déracinés et déconnectés complètement des réalités concrètes de leurs propres pays, pour discuter le sort du peuple africain en son insu. Voilà la cause principale de sa déchéance politique en cascades sur le continent, aux conséquences incalculables. Mais il est plus que jamais nécessaire qu’elle change son approche quant à la question africaine, en approchant et écoutant des africains dignes et sincères, capables de dire la vérité à qui veut l’entendre, et de manière respectueuse et intelligente. Elle doit écouter la majorité silencieuse, dont des intellectuels et des connaisseurs des valeurs africaines. Qu’elle ne nous regarde plus comme elle regardait nos arrière-grands-parents. Qu’elle arrête de nous diviser pour régner, en supportant Paul pour abattre Pierre, et vice-versa. Qu’elle nous traite comme elle traite ses propres citoyens. Qu’elle révise et réactualise ses fameux accords ficelés furtivement avec des États africains corrompus. Qu’elle sache, en fin, que tout africain qui se départit de ses autres concitoyens pour la soutenir dans sa mésaventure africaine, de l’indépendance à nos jours, est un opportuniste, cannibale et hypocrite. Personnellement, je ne suis pas un militant de l’antisémitisme ni un militant d’anti-français. Loin s’en faut. Je suis simplement contre la politique de la France en Afrique, qui doit impérativement changer maintenant. Et j’ose croire que mes compatriotes, les guinéens, bien qu’étant artificiellement mis dos à dos par des hommes politiques pour des raisons politiques, sont majoritairement des panafricanistes dans leur sang et ne sont pas animés de sentiment anti-français. En tout cas dans son écrasante majorité. Au contraire, les guinéens sont hospitaliers au sens réel du terme, et sont donc contre la xénophobie sous toutes ses formes. Comme pour reprendre Toumba Diakité, le célèbre prisonnier guinéen et un accusé des tueries des évènements du 28 septembre 2009, je cite : la bouche est dangereuse. Car c’est elle qui propage la haine ethnique ou raciale, sans fondement. Bref, ce sont là quelques messages que j’adresse à la France, aux Français et aux francophones du monde entier. Car, le moment est très critique et le risque d’une confrontation multipolaire est élevé. Si les éléphants se battent chez un lapin, il ne restera que de ruine chez lui. Si l’Ambassadeur de la France ou un quelconque élu du peuple français parvenait à lire cet article, je le prie très respectueusement de transmettre ce message aux autorités au plus haut niveau de leur pays. Et d’ajouter que, nous avons un destin commun et que nous sommes condamnés à réfléchir ensemble, afin de surmonter les défis majeurs qui se posent à nous. Il en est de même pour toute personne de bonne volonté, de m’aider à porter à la connaissance à qui de droit ces mêmes messages d’appel à la cohésion et à la fraternité entre l’Afrique et la France.  

 

Dr Mory Mandiana Diakité